Carnets de Abd’
Si tu pars, à qui céder mes rancunes piégées sur les terrasses ordurières des brasseries d’Alger ? Si le sang appelle le sang, à quelle âme confier tes peines ? Et où aller avec tous ces cadavres qui assiègent nos entours et nous narguent ?
Qui entendra nos cris ?
Marcher encore ? Oui, mais jusqu’où avec mes chants altérés, mes rêves émiettés, mes rires étranglés ? Jusqu’où pourrais-je aller ainsi harnaché ?…
Le silence s’est ancré en moi profondément. Mon sang en est pollué.
Ne coupe pas, Zhor, ça me revient, à tant vouloir t’aimer je t’ai perdue… À quel autre moi-même ai je ressemblé ? En quel miroir de moi-même me suis-je éclipsé ? Éclaire-moi, le filet de l’exil se resserre, ton appel ne me parvient plus ou alors de façon si faible qu’il me faut crier…
Demain : la vieillesse, les rides… T’imaginer ne suffit plus.
Trois années se sont écoulées et notre histoire ne fait que commencer. Trois années, trois scrutins et toujours les mêmes qui régentent.
Il n’y a pas eu de révolution.
Il n’y a pas eu de livre.
Il n’y a pas eu d’amour.
Rien, à part cet espoir gravé par tes mains. Espoir d’une dérive lointaine. Merci, Zhor ! Mille fois merci.
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